Amis, ami(e)s, mon public, mon amour,
Huit mois et des brouettes que je cotoye une bibliothèque dont je tairai le nom (et qui se trouve rue St Guillaume), et autant de longs jours où je ne cesse de me rappeler avec douleur que l'opération "1 ordinateur, 1 euro" n'est finalement vraiment pas la bienvenue...
Huit mois et des brouettes que je dois subir les intempestifs tapotements de claviers et autres cliquetis de souris dans une atmosphère sensée exalter le calme, la tempérance et la sérénité. Wishful thinking comme dirait un pote de Leeds, dont le nom de famille ne lasse pas de me rappeler ce fameux général américain au prénom de grand voyageur grec et au destin présidentiel.
Il ya peu, nous devions subir les assauts de ces centaines de midinettes pensant que porter des talons haut et les faire claquer ostensiblement sur le délicieux parquet de ces leiux de connaissance, étaient un must et que de toute façon cela n'était que : 1/ leproduit d'une dictature machiste où il faut soi-disant constamment s'habiller "sexy" (selon les canons de notre époque, qui, je le confesse, me rappellent douloureusement le véritable sens de l'expression fleur de bitûme) OU 2/ une volonté créatrice d'émancipation face à la-dite dictature.
Bon. Aujourd'hui, j'ai frôlé dangeruesement le must en terme d'énervement, m'incitant à considérer que la loi de l'emmerdement maximum ne connaît pas de limites. Amateurs de rendements décroissants, sachez qu'il existe encore des domaines où les limites intellectuellement et physiquement possibles n'ont pas encore été franchies. Je dois ainsi dire que ma mésaventure d'aujourd'hui avait un parfum de Star Strek, vous savez "They boldly went where no man has gone before". Donc, voilà pour la bonne bouche (mieux vaut en rire) la petite histoire :
Désireux de me lancer dans la grande aventure de l'aprentissage de la macroéconomie à destination des nuls, je me lançais d'un pas alerte, vigoureux et d'aucuns diront conquérant vers la-dite bibliothèque. Avisant une place stratégiquement orientée (une blonde, une brune et Ô joie, même une rousse en ligne de vue), je m'installais joyeusement. En face de moi, je n'avais personne. Plaisir de courte durée. Une blonde évanescente s'installa derechef à la-dite place. Sympa, me dis-je, au moins si je m'ennuie devant mes courbes de Phillips, je pourrai au moins avoir une distraction et admirer les siennes (hum...). Mouais. La-dite donzelle s'empressa de déballer son matos (un Toshiba je sais pas quoi flambant neuf) d'où le son d'accueil Windows à fond, auquel vint rapidement succéder (en superposition)l e son de son taper rageur( et lourd, genre je me venge de ma frustration) de clavier plus le chewing-gum maché non moins vigoureusement. Tentant de prendre tout cela philosophiquement, j'essayai une remarque joviale pour signifier à la-dite donzelle que son volume sonore tendait à devenir asymptotiquement inadéquat avec le sentiment de recueillement religieux sensé régner dans la-dite enceinte. Evidemment, la crinière abondante et soyeuse de ma charmante vis-à-vos cachait avec art un casque d'écoute d'un lecteur MP3 non moins judicieusement placé dans le grand sac 'nouvelles galeries' qu'elle tenait près d'elle. J'ai pu d onc profiter pendant quelques secondes d'une soupe areanebee d'un goût que je commencai à assimiler rapidement à celui de nos alliés transatlantiques de toujours. Je ne fus donc guère surpris de me voir répondre, d'un délicieux rictus du coin inférieur droit des lévres pleines et purpurines de mon évanescente voisine : "Whôat", avec cet accent redneck texan qui font le délice de s amateurs de sociologie des peuplades primitives. Je tentai, avec force signes de me faire comprendre, sentant qu'un humour glacé et sophistiqué ne suffirait pas à désamorcer une situation proche du cclash des civilisations. Devant le regard furibond de la donzelle, et dans un élan de courtoisie insensé, je lançais un "Never mind" désinvolte et calculé. Je restai donc là encore une demie-heure, subissant les assauts sonores de mon américaine, nourrissant au passage mon américanophobie primaire. Jusqu'au moment fatidique ou sa copine débarqua (When Jodie meets Tiffany, la scène de l'orgasme en moins)... A deux, et devant l'inertie consternante de mes camarades de jeu, sans doute plus blindés que moi, je déclarai la cessation des hostilités, et, drapé dans un mépris digne du grand Erwin R. un soir d'été devant Benghazi, je pliai le camps.
Le problème, c'est que désormais, on ne peut plus bosser tranquille dans une bibliothèque sans qu'un imbécile vienne tapoter à côté de soi, c'est rageant! Alors, on parque les fumeurs dans des salles séparées pour qu'ils n'ennuient pas les autres, alors pourquoi ne pas parquer ces dingues du clavier et préserver l'environnement sonore des bibliothèques????